Avec les yeux bi-objectifs du caméléon, carnets par Bernard Sintès


« Avec les yeux bi-objectifs du caméléon », carnets, par Bernard Sintès, 64 pages, 9,90€.

J’ai écrit « Mottes » en juillet 2012 dans le cadre d’une résidence d’artistes à l’issue de laquelle j’en ai proposé une lecture publique. Une édition limitée destinée aux auditeurs qui assistaient à cette soirée de lecture-performance a été réalisée par l’Association Mydriase.    « Devant chez moi » fut également écrit lors d’une résidence dans le cadre du théâtre Grandeur Nature à Périgueux. Ce texte a aussi fait  l’objet d’une édition limitée dont la plupart des exemplaires ont été vendus lors d’une soirée organisée par le théâtre. 

J’ai tenté, à travers ces textes, d’intercepter ce que l’intuition perçoit des phénomènes avant que la langue ne s’en empare pour nous les rendre intelligibles. Parfois, il m’a intéressé d’aller contre les usages de la langue en la laissant courir vers des structures que la grammaire récuse. Une manière de rebrousser chemin. Tout en continuant le voyage. Les répétitions, le mal-dit, l’a peu près, l’absence de liaison logique entre les phrases, les coupures arbitraires opérées dans la syntaxe, les faux raccords (comme on parle de faux raccords au cinéma), le non-respect de la ponctuation, les rythmes bancroches, enfin tout ce que la littérature tient ordinairement en dehors de son champ normatif m’a semblé pouvoir rendre compte de cet éveil à l’instant duquel la conscience, cherchant encore sa formulation, participe de la sensation plus que la description. Une conscience, en somme, non décantée du rêve qui l’a sollicitée et d’une certaine disposition à se laisser porter par des images qui, incessamment, s’attirent et se repoussent, jusqu’à former une sorte de collage, telles des affiches lacérées qui dévoilent par leurs déchirures d’autres affiches plus anciennes, et parfois illisibles.  

Certains des textes qu’on va lire ont été conçus à partir des notes que j’ai rapportées de Calcutta où j’ai vécu en 2008. Notes que je retrouve plus griffonnées que véritablement écrites et dans la graphie desquelles il m’a semblé, en les relisant, que s’étaient glissés des souvenirs oubliés, mais tout prêts à resurgir dans un autre livre.  Je tiens « Avec les yeux bi-objectifs du caméléon » comme la meilleure façon d’introduire le lecteur à  ce livre à venir. 

                                                                                                                                         Bernard Sintès



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